Les contes et légendes marocaines évoquent avec une grande vivacité la relation particulière de l’humain à l’animal, pleine de poésie, de magie, d’animisme. Cette forme de narration dévoile aussi la réalité du quotidien marocain souvent précaire, pétrie d’entraide, de tradition, de patriarcat, et faisant place à une certaine poésie. Dans un très beau conte, une gazelle aux yeux d’or apparaît à un vieux touareg épuisé par les vicissitudes de la vie. Cette gazelle aux cornes vertes est magique. Elle parle et l’homme et l’animal s’épaulent. Elle le protégera, l’aidera et lui permettra de retrouver l’harmonie familiale. La nature est très présente, la lumière est étrange, une grande poésie se dégage de ce conte.
Au Maroc, des liens complexes et contradictoires se tissent entre l’homme et l’animal, dans différents milieux sociaux, que ce soit au quotidien à la maison, en famille, à la ville et à la campagne. L’animal peut incarner un sujet d’affection et de tendresse comme le chat, l’animal préféré du prophète Mahomet et aimé dans tout le pays. Ou l’âne reconnu pour sa bonté et sa sociabilité. Son endurance le livre à toutes les taches dures et laborieuses. Dans le livre Kalila et Dimna, les animaux parlent et dans la réalité ils ne se font pas toujours comprendre des humains. M’inspirant de la magie de ces contes, sans vouloir les illustrer, je suis à la recherche de cette gazelle magique, illusoire et invisible.
Dans la gazelle aux yeux d’or, le corps à corps, propre à mon écriture photographique, prend une forme particulière : étrange et familière tout à la fois. Grace à la lumière, la beauté des décors, et des couleurs, l’enchantement guide l’ensemble : l’intemporel, le merveilleux sont à retrouver dans cette nouvelle approche de la relation à l’animal.
Tina Merandon
« Donner et recevoir des signes, en échanger, c’est le fondement et la nature de la grande politique vitale qui tisse les vivants dans la communauté écologique ».
On retrouve des couleurs sourdes, vertes, noires des rochers, grises des dolmens millénaires et des chênes des causses, des cornes de bélier, des murs de pierres sèches. Dans cette pastorale, l’homme dialogue avec les animaux, entouré de la nature, un échange silencieux mais chargé de sensations.
Tina Merandon
Moroccan tales and legends evoke with great vividness the special relationship between humans and animals, steeped in poetry, magic and animism. This form of narration also reveals the reality of Moroccan daily life, often precarious, nourished by mutual aid, tradition, patriarchy, and giving way to a certain poetry steeped in religion. In a very beautiful tale, a gazelle with golden eyes appears to an old Tuareg exhausted by the vicissitudes of life. This gazelle with green horns is magical. She speaks and man and animal help each other. She will protect him, help him find the means to survive and allow him to regain family harmony. Nature is very present, the light is strange, great poetry emerges from this tale.
In Morocco, complex and contradictory links are woven between man and animal, in different social environments, whether on a daily basis at home, with family, in the city and in the countryside. The animal can embody a subject of affection and tenderness. In the book Kalila and Dimna, animals speak, in reality they do not always make themselves understood by humans. Inspired by the magic of these tales, without wanting to illustrate them, I am looking for this magical, illusory and invisible gazelle.
In the gazelle with golden eyes, the body to body, specific to my photographic writing, takes a particular form: strange and familiar at the same time. Through the light, the beauty of the decorations, the colors, the enchantment guides the whole: the timeless, the marvelous, can be found in this new approach to the relationship with the animal.
Tina Merandon