Dans Tisser sa toile, Tina Merandon aborde la relation mère-fille d’un point de vue très original. Profitant d’une résidence artistique en Bretagne, elle a utilisé l’idée de la trame tissée (draps et nappes, objets textiles ayant souvent été associés aux rituels domestiques qui reliaient les femmes entre elles) pour faire poser, derrière un voile, mères et filles ensemble.
Les ombres projetées ne sont pas sans évoquer la caverne de Platon. Il y a ainsi une dimension archaïque dans cette relation mère-fille, appuyée par ce théâtre d’ombres qui évoque également les peintures rupestres aux limites de la représentation.
C’est pourquoi, à cette idée d’une image archaïque, l’artiste a voulu y associer des images de statuaires féminines relevées dans les calvaires du Finistère datant des XVIe et XVIIe siècles, époque opulente grâce au commerce de la toile de lin. Traitées dans le livre par une impression dorée sur un papier noir, ouvrant et fermant l’ouvrage, elles ne sont pas sans évoquer également les origines d’une représentation occidentale que sont les icônes byzantines.
Textes : Sylvie Hugues, Tania Levy, Pierre Martin
22 x 29 cm, 68 pages imprimées sur 2 papiers, environ 50 reproductions en couleurs, reliure plein papier