Intimité, OPENEYE N°5

Par Jean-Paul Gavard-Perret, 2018
Intimité OPENEYE Jean-Paul Gavard – Perret – 2018

Tina Merandon : Paradoxes de l’apparition et succès damnés

Il existe toujours dans l’œuvre de Tina Merandon une puissance des formes et des couleurs. La photographe ne cherche pas à provoquer du fantasme mais divers jeux entre le subtil et le violent, l’arrogant et le secret là où – derrière la luxuriance –  les images dessinent l’envers du miroir.

La  photographe propose  une suite de « lieux » ou de « scènes » avec variation. Chaque pièce devient un appareillage qui circonscrit une zone de solitude ou de rencontre.  Dans un maillage de diverses approches se succèdent des déclinaisons intempestives, ludiques et jouissives. La louve n’y est pas forcément romaine. D’ailleurs ses seins nourriciers deviendraient là un prétexte à des strip-teases parodiques entre dérision et tentation…

Les préjugés en prennent pour leur grade au profit  des singularités. Les  lois des genres effacent leurs marelles, des légendes roulent leurs chimères  dans les aiguillages de l’insomnie. Tina Merandon offre un regard, mais autre chose qu’un regard : un rapport dans l’ordre du désordre. Un rapport qui ordonne. « Défais tes liens ».

La photographe  ne cherche aucune dramatisation, elle se contente de montrer une symphonie. L’espace est dilué, étendu mais aussi concentré par des mises en scène parfois drôles en particulier lorsque les animaux s’y insèrent. Sous formes d’épures, des portraits « borderland »  échappent à toute localisation précise et donne une sorte d’éternité à l’éphémère soudain figé qui devient un élément scénographique essentiel ouvert sur un inconnu.

Les plans désynchronisent la représentation. Le visible disparaît en tant que tel au profit d’une mise en équilibre particulière. Certes une figuration demeure mais comme en trompe l’œil. En chaque photographie des « tableaux » deviennent des phénomènes indiciaires aussi subtils que dissonants.

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